‘THÉORÈME ALPHA-OMÉGA SUR
LES BASCULES MINIATURES PORTATIVES
SANS PIVOT CENTRAL FIXE :’
BASCULES MINIATURES PORTATIVES SANS PIVOT CENTRAL FIXE À SIMPLE UTILISATEUR
BASCULES MINIATURES PORTATIVES SANS PIVOT CENTRAL FIXE À DOUBLE UTILISATEUR
INTRODUCTION :
Durant mes nombreuses inspections de sécurité partout au Québec, à maintes reprises j’ai constaté que l’utilisation de telles bascules miniatures portatives sans pivot central fixe est remise en question et elle est même défendue dans la presque totalité des cas. L’exigence invoquée pour qu’elles soient conservées est de les ancrer au sol, ce qui est à mon avis une affirmation gratuite, et exigée sans en comprendre l’intention de la norme CAN/CSA-Z614 ‘Aires et équipement de jeu’ (édition 2003 ou 2007), en matière de sécurité relative à l’utilisation des équipements de jeu, et aussi à la détermination première, à savoir ce qui est un équipement de jeu et ce qui ne l’est pas.
OBJECTIF :
J’ai donc décidé d’apporter ici une clarification une fois pour toutes sur ce sujet afin de démontrer, basé sur des écrits et un sens pratique, que ces bascules miniatures portatives sans pivot central fixe ne sont pas des équipements de jeu mais plutôt des jouets. Conséquemment, leur utilisation devrait être permise dans tous les centres de garde au Québec, puisque les jouets ne sont pas assujettis au domaine d’application de la norme CSA.
Note : Cette étude touche aussi les bascules miniatures avec pivot central fixe, afin de démontrer
que celles-ci devraient avoir leur point central fixé au sol (donc elles ne devraient pas être
portatives), et que leur utilisation ne devrait pas être permise dans les centres de garde au Québec.
Pour en faire la démonstration, voici donc ce que j’ai appelé le
‘Théorème Alpha-Oméga sur
les bascules miniatures portatives
sans pivot central fixe’
DÉMONSTRATION :
La remarque qu’on entend habituellement est que ‘ces bascules miniatures sans pivot central fixe doivent être ancrées au sol’ sans toutefois en justifier la ou les raisons, mais je crois que c’est dans le but de les rendre ‘Équipements de jeu’, ce qui, à mon avis, est une affirmation gratuite et démunie de sens, pour les raisons suivantes :
- La norme CAN/CSA-Z614 (Aires et équipement de jeu), Section ‘Définitions’ décrit un équipement de jeu comme suit :
‘Équipement d’aire de jeu publique : structure ancrée au sol ou offrant une stabilité naturelle et non destinée à être déplacée . . . ‘
NOTE : C'est-à-dire qu’un équipement de jeu autoportant qui pèserait 5000 lbs, par exemple, n’a pas besoin d’être ancré puisque, étant autoportant, il ne pourrait être déplacé facilement et par inadvertance sans un effort intentionnel, puisque l’intention de cette norme CSA est de s’assurer que la surface de protection exigée tout autour de l’équipement de jeu, par la section 14 de cette même norme, reste constante.
Ces bascules miniatures portatives sans pivot central fixe sont destinées, par design, à être déplacées et non fixées ou ancrées au sol puisqu’elles deviendraient un ‘équipement fixe’ défini comme suit par la même norme CSA ‘structure de jeu à base fixe qui ne bouge pas’, ce qui va à l’encontre de leur nature.
Si on exige que ces bascules miniatures portatives sans pivot central fixe soient fixées au sol, elles auront donc un point fixe et la ‘Section 15.9 – Bascules (Figure 41)’ (comme équipement de jeu) de cette même norme CSA devrait alors s’appliquer.
En effet, l’article 15.9.1 exige que ‘Les bascules à point fixe ne sont pas recommandées pour les enfants de moins de 5 ans, à moins qu’elles soient pourvues d’un mécanisme de centrage à ressorts pour réduire la force de contact avec la surface de protection.’
Ici on voit bien que ces bascules miniatures portatives sans pivot central fixe dont on exige qu’elles soient fixées (donc leur procurer un ‘point fixe’) ne pourraient pas être destinées à des enfants de 5 à 12 ans, premièrement en vertu de la taille de ces enfants et ensuite du défi qui leur serait offert. Socialement, ces enfants de 5 à 12 ans croiraient qu’on les prend encore pour des bébés, à juste titre, et les tout-petits en auraient de la peine!
Pour ce qui est du ‘mécanisme de centrage à ressorts’ de cet article 15.9.1 et de l’article conséquent 15.9.2 pour ‘réduire les risques de blessures causées par des contacts brusques avec la surface de protection’, on voit bien encore ici que ces exigences ne visent pas ces bascules miniatures portatives sans pivot central fixe, de par leur design et leur application prévue.
L’article 15.9.5.1 de cette même norme pourrait s’appliquer aux poignées qui devraient être ‘conformes aux exigences générales sur les saillies’ (de la section 12) et ‘être conformes à l’article 13.1.4.4’ (dimensions de 24 à 40 mm de section ou diamètre), toutefois seulement si ces bascules miniatures portatives sans pivot central fixe étaient réellement considérées comme équipement de jeu (voir plus loin l’analyse comparative de ces poignées avec celles des tricycles).
À la lecture de la section 15.9 de la norme CAN/CSA-Z614, il est clair que ces exigences visent les bascules à pivot central fixe :
Comme celles-ci en milieu municipal :
Comme celles-ci en milieu de centre de garde :
Lesquelles ne sont pas visées par le présent
théorème à cause de leur design à point central fixe qui devrait être fixé au sol, bien que les
manufacturiers tentent de les mettre dans la catégorie de jouet. Celles-ci à mon avis ne devraient
pas être utilisées dans un centre de garde, puisque, ayant un pivot fixe par design, elles seraient
assujetties à l’article 15.9 et devraient être fixées au sol. Celles-ci s’apparentent plus à un équipement de jeu bien qu’ayant l’apparence d’un jouet. Elles présenteraient aussi des écrasements de pieds, des coincements de doigts, etc.
De plus, le fait d’en faire des équipements de jeu, seulement, en exigeant que des bascules miniatures portatives, avec ou sans pivot central fixe, soient ancrées au sol, ne fait pas d’elles des équipements de jeu automatiquement aussi facilement qu’on peut le croire, puisque d’autres considérations sont requises pour qu’il en soit ainsi.
En effet, chacune devrait aussi rencontrer les exigences d’intégrité structurale de la section 9 et de durabilité des matériaux de l’article 7.1 de la norme CAN/CSA-Z614 (édition 2003 ou 2007), dont le fabricant doit pouvoir fournir le certificat IPEMA (International Playground Equipment Manufacturers Association) ou autre déclaration similaire (exemple : déclaration basée sur les notes de calcul d’un ingénieur agréé, tel que permis par l’article 9.8 comme solution de rechange).
Comme les manufacturiers de tels jouets ne sont pas familiers avec ce domaine, le design et la fabrication ne tiennent pas compte de ces critères ou, du moins, pas dans cette ampleur ou cette optique; et en conséquence ces déclarations ne sont habituellement pas disponibles.
Aussi, ce type de bascule miniature portative sans pivot central fixe n’entre pas dans la définition d’équipements de jeu visés par le programme même du MFA, tel que décrit dans la circulaire administrative 2004-001 du 12 mai 2004 du Sous-ministre adjoint M. Lamarche, au lancement de son programme du 1er juin 2004 à ce jour, dont voici un extrait :
‘Aux fins de la présente circulaire, un équipement de jeu consiste en une structure d’escalade, une balançoire, une glissoire et en tout autre équipement de même nature, excluant les carrés de sable amovibles ainsi que les maisonnettes et les pataugeoires amovibles ou fixes.’
Ici, les bascules miniatures portatives sans pivot central fixe n’entrent pas dans cette définition et, de plus, elles peuvent être à caractère résidentiel puisque n’étant pas un équipement de jeu; la même circulaire indique que ‘seul un équipement de jeu conçu, présenté et vendu pour un usage commercial ou institutionnel peut être utilisé dans l’aire extérieure de jeu d’une installation’ de centre de garde (article 2) et qu’aucun équipement de jeu conçu pour un usage résidentiel, présenté comme tel par le fabricant ou mis sur le marché comme tel par le vendeur, ne peut être utilisé dans l’aire extérieure de jeu d’une installation’ de centre de garde (article 3), etc.
Ce ne sont que les équipements de jeu résidentiels qui ne sont pas permis, pas tout objet résidentiel qui n’est pas permis; sinon nous n’aurions jamais de jouets.
OBJET COMPARATIF : TRICYLES (ou par extension, des trottinettes)
UN TRICYLE EST UN JOUET
Quelle que soit notre nationalité ou notre culture, il est bien clair pour tous qu’un tricycle (ou même une trottinette) est bien considéré comme un jouet et non comme un équipement de jeu.
Le domaine d’application de la norme CAN/CSA-Z614 (03 ou 07) ne vise pas les jouets. Il n’y a pas d’exigence non plus pour des équipements ayant des roues, destinés à se déplacer de façon aléatoire par l’utilisateur, dans toutes les directions (sauf des équipements fixes à roulettes comme les portiques à glisseur sur rail, section 15.12 par exemple).
L’annexe ‘A’ de cette même norme CSA (toute annexe n’est pas une section obligatoire d’une norme, mais pour information seulement), au chapitre A.3.4 ‘Objets de jeu non fixés (expression corporelle et motricité fine) indique que ‘ces objets non fixés constituent un ingrédient essentiel aux jeux créatifs des enfants et devraient être fournis dans la mesure du possible.’ Il est donc recommandé dans le paragraphe ‘d’ de cet article que des ‘voiturettes ou autres objets sur roues, y compris des brouettes’ soient utilisés pour le développement de l’enfant.
Tout ceci est bien évident et incontesté.
BASCULES MINIATURES PORTATIVES
SANS PIVOT CENTRAL FIXE
vs
TRICYCLES
POIGNÉES :
Le dénominateur commun de ces deux articles réside dans l’utilisation de POIGNÉES pour permettre leur usage par l’utilisateur.
Matériau de poignées de tricycles:
Ces poignées sont habituellement en métal recouvert d’un manchon de nylon comme toute bicyclette conventionnelle, pour procurer une bonne prise et du confort à l’utilisateur.
Matériau de poignées des bascules miniatures portatives sans pivot central fixe :
Ces poignées sont habituellement en polyéthylène (ou autre polymère équivalent), sans revêtement puisque déjà confortables pour l’utilisateur. Le polyéthylène est un matériau absorbant en comparaison du métal des poignées de tricycle.
Bien que parfois des poignées de polymère brisées soient remplacées par des moyens de fortune, en utilisant du bois de manche à balai, le bois est quand même un matériau plus absorbant que le métal des poignées de tricycle.
Saillies créées par des poignées d’équipement de jeu
(exemple : un équipement sur ressort:)
Les articles 12.2.3/.1/.2.3 (Saillies) exigent de réussir l’essai des trois étalons de mesure (anneaux de la Figure 7)
Saillies créées par des poignées de jouets
(i.e. tricycles et bascules miniatures portatives sans pivot central fixe)
Cet essai s’avère un échec sur les poignées de tricycles et, conséquemment, sur les poignées des bascules miniatures portatives sans pivot central fixe MAIS comme les tricycles sont considérés comme des jouets, ceci ne s’applique pas.
Comme les poignées de bascules miniatures portatives sans pivot central fixe sont semblables à celles des tricycles, celles-ci échoueraient aussi à cet essai, mais ça ne devrait pas être applicable puisque les bascules miniatures portatives sans pivot central fixe devraient plutôt être considérées comme des jouets.
Autre aspect de ces saillies : renversement de l’objet au sol
Si un tricycle (ou une trottinette) était renversé et reposait sur son flanc, ses poignées (métalliques) ainsi que ses pédales (essieux en métal et pédales en nylon ou en métal) présenteraient des saillies importantes et potentiellement dangereuses si un enfant tombait accidentellement sur celles-ci en courant.
De façon similaire, si une bascule miniature portative sans pivot central fixe était renversée et reposait sur son flanc, ses poignées (en polymère) seulement présenteraient des saillies similaires à celles d’un tricycle (sans les pédales toutefois), ce qui est moins dangereux que les saillies présentées par un tricycle, puisqu’en matière polymérique et possiblement flexible, ce que n’est pas le métal des poignées d’un tricycle.
Vitesse de déplacement d’un tricycle:
Le tricycle est destiné à être en mouvement horizontal rectiligne à une vitesse de pointe de 0.x km/heure selon l’utilisateur (d’âge préscolaire) (vitesse plus rapide, après une bonne petite sieste – piles rechargées et le plein de vitamines fait). De plus, l’utilisateur peut entrer en collision avec d’autres objets fixes ou en mouvement, ce qui n’est pas le cas avec une bascule miniature portative oscillant sans pivot central fixe.
Vitesse de déplacement d’une bascule miniature portative sans pivot central fixe :
Une bascule miniature portative sans pivot central fixe est destinée à osciller en mouvement vertical d’environ 0 à 5 degrés, à une vitesse de pointe horizontale nulle (0 km/heure), donc stationnaire.
Cet objet présente un danger moindre qu’un tricycle puisqu’il ne se déplace pas.
De plus, le ou les utilisateurs ne peut (ne peuvent) pas entrer en collision avec d’autres objets fixes ou en mouvement.
Advenant le cas où un des deux utilisateurs d’une bascule miniature portative sans pivot central fixe double quittait son poste, le pire qui pourrait arriver c’est que l’autre utilisateur tombe à la renverse mais comme les fesses de l’enfant ne sont pas plus hautes que ses genoux, ce serait moins pire que s’il tombait d’une position debout en s’enfargeant dans ses lacets de bottines en courant.
CONCLUSION :
Si des tricycles sont admis depuis toujours dans des centres de garde au Québec, étant donné qu’ils sont des jouets, et à la lueur de ce qui précède, leur utilisation est plus dynamique et les risques encourus sont bien connus et acceptés, a fortiori l’utilisation de bascules miniatures portatives sans pivot central fixe s’avère comporter moins de risques dynamiques et statiques pour l’utilisateur, et s’apparente plutôt à la catégorie ‘jouet’ qu’à celle d’équipement de jeu, à l’instar du tricycle. Conséquemment, l'utilisation de bascules miniatures portatives
sans pivot central fixe, devrait être permise dans les centres de garde au Québec.
Il est clair aussi que les bascules miniatures avec pivot central fixe, ne devraient pas être
portatives, i.e. que leur pivot central devrait être fixé au sol, et leur ensemble devrait rencontrer
les exigences de la norme CAN/CSA-Z614, ce qui ne semble pas être prévu par leur design ni par
leur fabrication. Conséquemment l’utilisation de bascules miniatures avec pivot central fixe, ne
devrait pas être permise dans les centres de garde au Québec.
C.Q.F.D (Ce Qu’il Fallait Démontrer)
Jean-Marc Beaudet, ing.